Les gammes

Si tu t’intéresses à la création musicale, il y a fort à parier que tu as déjà entendu parler des gammes.

Sais-tu ce qu’est une gamme ? Comment l’utiliser ?

Que ce soit pour écrire une mélodie, une grille d’accords, une chanson complète ou même pour reprendre un de tes morceaux préférés, connaître les gammes peut t’aider.

Et voici comment.

Même pas besoin de connaître le solfège pour comprendre 😉

Qu’est-ce qu’une gamme ?

Tout d’abord, il me paraît indispensable de définir ce qu’on entend par le mot « gamme ». Il s’agit d’une série de notes de musique agencées suivant des règles précises. Je te précise tout ça tout de suite.

La fondamentale

La note fondamentale est la note par laquelle on commence une gamme, elle lui donne une partie de son nom : le ton. Par exemple, pour jouer une gamme de Do Majeur, je commence par la note do.

La tonalité

On parle parfois également de tonalité pour parler de gamme. Ces deux mots sont souvent utilisés comme synonymes l’un de l’autre.

On trouve dans le nom d’une gamme deux éléments indispensables :

  • le ton, comme nous l’avons vu juste avant, c’est-à-dire la note fondamentale (do dans notre exemple). Et c’est pour cette raison qu’il est possible aussi de trouver l’appellation de note tonique pour celle-ci.
  • le mode qui nous permettra de retrouver à partir de notre fondamentale toutes les autres notes de la gamme. Dans l’exemple, on a le mode Majeur. Le mode, c’est l’enchaînement des intervalles entre chaque note conjointe, chaque note qui se suit dans la gamme.

Les intervalles

L’intervalle est l’espace entre deux notes, mesuré en tons et demi-tons.

Par exemple, l’écart qui sépare une note de la répétition suivante de cette note dans la gamme s’appelle l’octave. Quand on fait : do ré mi fa sol la si do, entre le premier et le deuxième do qu’on rencontre, il y a une octave : c’est l’intervalle qui mesure 12 demi-tons, soit 6 tons.

Dans les musiques actuelles, l’écart le plus petit entre deux notes mesure un demi-ton. C’est la moitié d’un ton. Dans certaines musique, surtout dans les mondes arabe ou indien, on utilise le quart de ton.

Historiquement, on distinguait deux sortes de demi-tons qui séparaient le ton de façon inégale.

En effet, en respectant les lois mathématiques pour calculer les fréquences de chaque note, on ne tombe pas sur des nombres justes. C’est pourquoi, on utilise des arrondis qui permettent d’accorder les instruments précisément sans déranger l’oreille : c’est le tempérament. Il en existe plusieurs qui ont été utilisé au fil des siècles ; le sujet est vaste est mérite un article complet, je ne rentre donc pas dans les détails.

De nos jours, la plupart des instruments utilisent des demi-tons égaux. Le piano et la guitare, par exemple, illustrent bien cela.

Pour en revenir à mon propos, on peut penser les intervalles d’une gamme de deux façons :

  • entre la fondamentale et chaque note, par exemple : do-ré, do-mi, do-fa, etc…
  • entre chaque note successive, par exemple : do-ré, ré-mi, mi-fa, etc.

A mon sens, il n’y a pas de meilleure approche. Les deux se valent. Chacun pourra avoir sa préférence pour l’une ou l’autre vision selon sa sensibilité et selon le contexte.

Toutefois, je privilégie la seconde approche dans la suite de l’article car elle me paraît plus simple pour la compréhension de mon propos.

Le mode

Comme je l’ai déjà évoqué, le mode permet de retrouver, à partir de la fondamentale, les autres notes de la gamme. En effet, celui-ci définit l’enchaînement de tons et de demi-tons qu’on trouve entre chaque note de la gamme. On parle aussi d’échelle.

Pour reprendre notre exemple de Do Majeur, on aura :

gamme de Do Majeur avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

Et je peux reprendre mon échelle pour l’appuyer sur une autre note fondamentale. Ainsi, en Sol Majeur, je débute sur la note sol et je conserve mon mode majeur. Chaque barreau, appelé degré, de l’échelle est une note, et est séparé des barreaux suivants (ou précédents) par un intervalle.

Pour faire correspondre les notes aux intervalles de ma gamme, j’utilise un dièse (#) quand j’ai besoin de hausser la note d’un demi-ton et un bémol (♭) quand je dois descendre la note d’un demi-ton.

Dans l’exemple suivant, le fa devient fa# et se trouve donc un demi-ton plus haut (ou plus aigu).

gamme de Sol Majeur avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

Utilisation de la gamme

C’est très bien tout ça, très théorique aussi, mais « à quoi ça sert ? » te demandes-tu.

La mélodie

Généralement, les gammes nous permettent d’arrêter un cadre, de fixer l’environnement dans lequel nous allons travailler. Ainsi on aura un ensemble de note qui, jouée à la suite les unes des autres, auront une sonorité particulière et seront cohérentes entre elles.

Bien entendu, pour créer de la musique, nous n’allons pas nous contenter de jouer simplement les notes de la gamme dans l’ordre avec toujours le même rythme. Libre à toi de les associées pour transmettre le message que tu souhaites délivrer, pour faire vivre à ton audience l’expérience que tu as choisie.

Pour composer une mélodie, si je sélectionne toutes mes notes dans la même gamme, je peux deviner à l’avance les sonorités que je retrouverai. Et c’est la même chose pour l’oreille de l’auditeur de notre morceaux de musique qui retrouvera selon le contexte, des sons qu’il connaît bien, qui lui évoque des sentiments ou des émotions, et peuvent même le faire voyager.

Voici un exemple créer avec les notes de la gamme de Do Majeur :

L’harmonie

Donc, tu peux créer des mélodies en jouant les notes une par une avec le rythme qui conviendra selon ta sensibilité. Tu peux également créer des accords en jouant plusieurs notes simultanément. Un accord, c’est au moins trois sons joués ensembles.

Lorsque tu enchaînes plusieurs accords, tu crées l’harmonie de ton morceau. C’est en jouant ta mélodie et ton harmonie ensemble que l’œuvre musicale se crée. Selon l’accord sur lequel elle est jouée, une note de la mélodie donnera un résultat sonore différent.

Voici deux exemples créés à partir de la mélodie précédente, les notes utilisées pour les accords viennent toutes de la gamme de Do Majeur :

Entends-tu les sensations différentes créées par les accords dans les deux exemples ?

Exemples de gammes

Voici quelques exemples de gamme. Pour illustrer les différentes échelles, je démarre de la même note fondamentale : do. Ainsi, il est plus facile de comparer et d’entendre les différences et les similitudes entre chacune.

La gamme majeure

C’est l’exemple qu’on connaît tous et que j’ai déjà utilisé depuis le début de cet article :

gamme de Do Majeur avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

Par convention, lorsqu’il n’est pas précisé, le mode est majeur. Ainsi, si je parle de la gamme de Do, il s’agit bien de Do Majeur.

On a l’habitude de dire du mode Majeur qu’il donne une couleur joyeuse, gaie, enjouée, ou tout autre synonyme.

La gamme mineure (naturelle)

Par contraste, le mode mineur est décrit plutôt comme triste, plus sombre.

gamme de Do mineur avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

Information intéressante : si je place mon échelle mineure à partir de la note la, je me rends compte que je retrouve les mêmes notes que dans la gamme de Do Majeur. La différence vient seulement du point de départ. C’est pour cela qu’on appelle La mineur la gamme relative mineure de Do Majeur.

La gamme pentatonique

Connue de quasiment tous les guitaristes, la gamme pentatonique, comme son nom l’indique ne contient que cinq notes alors que les gamme majeures et mineures en comptent sept.

On distingue les gammes pentatoniques majeures et mineures. Toute gamme ne contenant que cinq sons est appelé gamme pentatonique mais penchons-nous en priorité sur les plus célèbres.

La gamme majeure pentatonique – exemple :

gamme de Do Majeur pentatonique avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

La gamme mineure pentatonique – exemple :

gamme de Do mineur pentatonique avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

On se rend compte qu’il s’agit des gammes majeures et mineures vues précédemment auxquelles on a retiré deux degrés, supprimant ainsi les intervalles ne comportant qu’un demi-ton.

La gamme chromatique (ou dodécaphonique)

Si on utilise tous les demi-tons possibles dans notre système musical occidental, on obtient la gamme chromatique. On l’appelle également gamme dodécaphonique car elle contient 12 notes puisqu’il existe 12 demi-tons.

gamme chromatique de Do avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

Ici, j’ai utilisé uniquement des dièses, on pourrait tout à fait écrire la même échelle en utilisant les bémols pour les notes altérées.

La gamme par tons

Si, cette fois, je considère que chaque degré de mon échelle mesure un ton alors je crée la gamme par tons.

gamme de Do par tons avec le nom des notes et les intervalles qui la composent

Comme précédemment pour la gamme chromatique, il est possible ici d’écrire en utilisant soit les dièses, soit les bémols.

Et il en existe beaucoup d’autres…

On peut citer, parmi les plus connus, :

  • la gamme mineure harmonique
  • la gamme mineure mélodique
  • la gamme blues
  • tous les modes selon la conception jazz du sujet
  • les modes des musiques traditionnelles et folkloriques

Et pour enrichir ta musique, rien ne t’empêche d’utiliser plusieurs gammes dans une même composition. Dans ce cas on parlera soit d’emprunt si cette utilisation est ponctuelle et ne modifie pas foncièrement la tonalité de ton morceau, soit de modulation si tu passes clairement dans une nouvelle tonalité pour une partie suffisamment longue.

Et dans les musiques actuelles, concrètement ?

Exemple d’utilisation de la gamme majeure

Coldplay – Viva la vida :

Exemple d’utilisation de la gamme mineure

Calogero – Si seulement je pouvais lui manquer :

Si tu as d’autres exemples dans lesquels on entend très bien la gamme utilisée, merci de les partager en commentaires.

Tu es libre de partager cet article s’il t’a plu.