Comment Björk peut t’aider à créer de la musique avec des samples

Tout débute alors que je suis à la recherche de documentation. Je parcours la plus célèbre plateforme d’hébergement de vidéos du monde pour trouver des interviews et des documentaires qui pourraient m’inspirer. Et, miracle ! Je tombe sur une interview de la chanteuse islandaise, diffusée en 1997 dans l’émission Tracks sur Arte.

Plongé dans le visionnage et l’écoute de la vidéo, une phrase retient toute mon attention. Et je veux absolument partager ma réflexion sur ce sujet.

Voici donc comment Björk peut t’aider à créer de la musique en utilisant les samples de façon créative.

Bruit égale son

« C’est la même chose ! » dit-elle, en français dans le texte, en réponse à la question du journaliste lui demandant la différence qu’elle fait entre un bruit et un son (https://youtu.be/psiYRmM71-g?t=625).

Voilà ! Le processus est enclenché dans ma tête.

Après quelques recherches, je trouve confirmation de mes souvenirs : pour certains titres de l’album Homogenic, l’artiste a fait appel à un ingénieur du son pour capter des bruits de volcans islandais et les travailler en studio. Ces enregistrements ont servi de beat pour plusieurs titres de l’album dont Joga, par exemple.

un volcan islandais en éruption

Il s’agit généralement dans le travail de la chanteuse, de prendre une partie d’un enregistrement et de la mettre en boucle. Ainsi, un rythme se dessine de lui-même. Et il est possible de se placer sur celui-ci et de créer autour de lui de la mélodie, des harmonies… ou, au contraire, ajouter ce rythme dans une musique déjà existante.

Et l’artiste est une récidiviste. Dans son album suivant, Vespertine, elle collecte ce qu’elle nomme des micro-beats. Il s’agit de petits bruits comme ceux d’insectes. En outre, le duo Matmos, officiant dans la musique concrète, va collaborer à cette entreprise. Egalement, pour la bande originale du film Dancer in the Dark, les machines de l’usine dans laquelle travaille le personnage principal rythment les chansons.

Tout est sujet à faire de la musique

Alors, d’accord, mais je ne connais personne qui peut m’enregistrer des volcans, des insectes ou des machines-outils… pourrais-tu objecter. Comment ça va m’aider ?

Evidemment, le but de cet article n’est pas de dire : « Allons tous en Islande enregistrer les volcans ! ». Poussons la réflexion un peu plus loin.

L’idée que j’essaie de faire passer est la suivante : tout peut être sujet à faire de la musique. Avec les outils d’édition informatiques modernes, il n’a jamais été aussi facile de travailler, triturer, modifier, modeler les sons. Et en métissant sons d’instruments de musique et sons plus quotidiens, il est possible d’ajouter de nouvelles dimensions à tes productions musicales.

Histoire du sample

En passant en revue l’histoire du sampling, le procédé n’est déjà pas récent. D’une part, je me suis basé sur une interview de 1997, ce qui peut paraître, pour certains, plus proche du moyen âge que du présent… D’autre part, le processus était déjà engagé depuis des années à ce moment-là.

En effet, l’explosion du sampling, se produit dans les années 80 avec l’arrivée, dans les studios d’enregistrement, du FairLight. Il s’agit d’un synthétiseur capable (entre autre, il n’était pas destiné à cet usage à la base) d’enregistrer de très courts échantillons sonores. Et des pointures de la musique de l’époque se l’approprieront. On peut citer : Kate Bush ou Peter Gabriel.

une main qui joue un accord de mi mineur sur un synthetizer
Ceci n’est pas le FairLight 😀

Et même si cela semble le point de départ de l’échantillonnage tel que nous le connaissons aujourd’hui, des travaux musicaux sur l’utilisation de bandes (avant l’ère du numérique, les enregistrements se faisaient sur bandes magnétiques) avaient déjà été développés auparavant. On peut citer, cette fois, les travaux de Schaeffer qui ont eux-même influencer Björk dans ses compositions, ou Philip Glass, entre autres.

Est-ce toujours d’actualité ?

D’accord, tout ça c’est vieux en fait, je veux faire de la musique dans l’air du temps, moi, me diras-tu.

Alors je te réponds. Plus près de nous, le sampling est omniprésent dans la musique pop. Généralement, les producteurs échantillonnent d’autres artistes, des instruments. Mais il arrive aussi, comme dans le cas de Björk, que des artistes ajoutent des sons qui ne soient pas conçus, a priori, dans un but musical. Je prends ici l’exemple de Billie Eilish et de son frère Finneas avec qui elle travaille.

Dans le titre Bad Guy, pendant le refrain, on peut entendre un avertisseur de passage piéton australien (https://youtu.be/kpx2-EMfdbg?t=409 – si tu comprends l’anglais), et sur le titre Watch, les caisses claires sont remplacées par le craquement d’allumettes (https://youtu.be/FsSkRjgjFvU – encore une fois, tout en anglais).

des gens qui traversent un passage piéton

Un « simple » smartphone peut enregistrer ces sons inspirants. Et « il ne reste plus », ensuite, qu’à les travailler avec un bon logiciel de traitement audionumérique.

Autre astuce, on peut trouver sur Internet, des samples libres de droit. Par exemple, https://lasonotheque.org/, site francophone proposant des bruitages de bonne qualité ou encore https://soundbible.com/ en anglais. Des enregistrements de radio, bruits de pas, ambiances de rue… qui pourront servir de base aux expérimentations les plus folles 😉

En conclusion

Alors sors de chez toi.

Expérimente !

Enregistre ton environnement et tout ce qui pourrait t’inspirer.

Ouvre grand tes oreilles, la musique se cache partout autour de toi.

Et surtout sois créatif 🙂